Pélerinage-Chemin Kempt, Marche nordique, danses de ligne et vtt

La poste et le chemin Kempt

Tiré du Livre ''MATAPÉDIA 1903-2003'' raconte-nous...

                                       LE SERVICE POSTAL EN 1823

En 1823, les gens de la Baie des Chaleurs demandent #qu'un chemin de poste# soit ouvert entre eux et Québec. À cette époque, le transport de la poste ne se fait qu'en belle saison et à cheval.

 

Le frère Antoine Bernard raconte: ''Pendant près de un siècle, les pionniers de la Gaspésie, tant les Acadiens de 1755 que les Loyalistes de 1784, durent se contenter du régime général en Amérique du Nord. Une première organisation des postes ne se fera effectivement qu'en 1853 dans le Canada Uni,  c'est-à-dire dans les deux provinces de Québec et Ontario. Jusqu'à cette date, chaque province, chaque région, s'arrange comme il peut.''

 

''En Gaspésie ce furent évidemment les Loyalistes, mieux pourvus et les compagnies de pêches qui maintinrent avec l'extérieur des relations de commerces et d'amitié. En l'absence de timbres-poste, l'expéditeur écrivait sur l'enveloppe le montant que son correspondant devait acquitter au livreur. Ce correspondant, s'il était généreux et s'il voulait encourager le postillon dans une rude tâche, ajoutait un pourboire plus ou moins alléchant, selon ses moyens et ses dispositions du moment.''

 

''Toute la responsabilité reposait, en somme, sur les épaules du postillon, roi et maître de son gros sac de toile, où se mêlaient, lettres, colis, somme d'argent ou d'or souvent considérables. Il devait être honnête, consciencieux, mais aussi robuste, intrépide, endurant et prudent, de même que brave, car il voyageait souvent de nuit, par des chemins de forêt et de solitude complète. Toutes sortes de menaces pesaient sur lui, y compris celles des brigands de la route.''

''Quelques noms de l'ancien temps nous sont restés. Par exemple <<Noël-La Malle,>> un indien de Restigouche, marcheur infatigable, sur ses raquettes l'hiver comme dans la poussière l'été. Il fut le premier en 1833, à transporter sur ses robustes épaules un courrier venant de Québec par la voie du chemin Kempt qui s'ouvrait, reliant la Baie-des-Chaleurs à Grand-Métis. Cinq ans plus tard, le premier colon de la Vallée de la Matapédia, Pierre Brochu, prit le contrat de la malle depuis Grand-Métis jusqu'aux Fourches(Causapscal). De là, Noël-La-Malle la transportait dans la Baie-des-Chaleurs. Par la suite Jonathan Noble et sa famille partent du Canton Restigouche pour s'établir aux Fourches, un relais subventionné par le gouvernement. Ses deux fils, Tom et William, font le service postal à pied du relais des Fourches à Restigouche.''

 

Ce bout d'histoire fut publié dans le journal <<Ma Gaspésie>> de juillet 1955 et retrouvé dans <<l'histoire de New-Richmond>> par Jean-Marie Jobin.

 

            Transporteur de courrier à pied sur le chemin Kempt en 1845.

Cette biographie nous est parvenue par l'entremise de Michael Chesser, selon un écrit trouvé dans le journal <<Gleaner>> du 11 mars 1845.

 

M. Donald McLaren âgé de 36 ans meurt sur la route du chemin Kempt, près de Restigouche le 28 janvier 1845. Il est transporteur de courrier de Restigouche à Métis et est employé depuis 18 mois. Il avait à couvrir une distance d'environ 97 milles, route qu'il parcourait deux fois la semaine. Il partait de Restigouche le lundi matin et y retournait le samedi durant la nuit. Il faisit le trajet en raquettes l'hiver. Il parcourait 195 milles tous les six jours, portant sur son dos, un sac de courrier pesant de 30 à 35 livres.

 

Son histoire:<<Son pouvoir d'endurance et sa constitution herculéenne font l'admiration des Blancs comme des Indiens. Il semble ne pas connaître la fatigue et sa renommée (d'ouvrir les chemins) comme on dit, de Restigouche à Métis après une tempête, est devenu légendaire. Il entreprends le voyage et pendant trois jours et trois nuits il ne s'arrête que pour manger. Le seul costume qu'il possède durant les pires tempêtes est un pantalon en futaines (tissu croisé sur chaîne de fil et trame de coton) et un jacket en drap.

 

Les tempêtes sévères et continuelles du mois de janvier de cette année-là ont eu un effet malveillant sur Donald, car on se rend compte qu'il perd de poids. A son arrivée à Métis le 15 janvier, il a fallu qu'il soit alité pour six jours, recevant de généreux soins et beaucoup d'attention de la part de M. Page, le maître de poste. Se sentant quelque peu épuisé, il retourne qu'en même à Restigouche et reprends ses voyages mais beaucoup plus lentement, ne pouvant marcher jusqu'au bout, il doit envoyer un autre homme à sa place.Durant le retour de ce dernier voyage, une des pires tempêtes de l'année s'abat sur sa route.

 

Il laisse le camp Lowe à Amqui le samedi matin, ayant 42 milles à marcher pour se rendre à la première maison de Restigouche. Un bûcheron qu'il croise sur la route se rend compte de son état de santé et l'accompagne sur un parcours d'environ 16 milles et ce, toujours à pied. Dans le courant de la journée, ils avaient rencontré un trappeur de martes, qui possédait un camp le long de la route, un honnête homme, M. Peter Glasgow. Durant la soirée, voyant que la tempête augmente et ayant observé la mine fatiguée de McLaren, M. Glasgow s'imagine que Donald ne peut s'en tirer seul et sans assistance. A la tombée du jour il arrive dans un camp désert sur la Demasguegan (Assemetguagan) et rencontre le bûcheron qui a accompagné le transporteur qui lui dit qu'il l'a laissé seul il y a environ une heure et qu'il est mal en point. Mais Donald lui a dit qu'il espérait se rendre à destination avant l'aube. En attendant ce récit M. Glasgow prend seulement le temps de réparer ses raquettes qu'il a brisées en descendant la montagne et continue sa route.

 

Il fait nuit, une grosse tempête s'amorce et le vent souffle autour, ce qui rend la marche difficile à ce généreux homme qui essaie avec difficulté de suivre les traces de raquettes qui s'effacent graduellement devant lui. Vers neuf heure il entend un bruit sourd. On ditait quelqu'un qui frappe avec un bâton. Il marche en direction du bruit, vers un buisson, où il trouve notre pauvre McLaren couché la tête sur son sac de malle, essayant faiblement de secouer avec son bâton, la neige d'un épinette afin de ramasser quelques branches pour se faire une paillasse. Comme ses allumettes sont mouillées il ne peut faire un feu pour se réchauffer. La vue de M. Glasgow le ravigote. Il se remet sur pied en gambadant tout en espérant pouvoir continuer sa route. Il marche une courte distance , puis il s'écrase. Le bon samaritain prépare un bon feu et notre transporteur pique un bon somme. Cela lui donne un peu d'énergie. Après plusieurs repos durant le reste du voyage, et en luttant désespérément pour se rendre à destination, ils arrivent à la première maison de la route, à l'aube, où on lui porte secours.

 

Duncan McGregor, le nouveau transporteur, un homme robuste vient au secours de Donald McLaren assisté par d'autres personnes, car ce dernier peu à peine placer un pied devant l'autre. C'est avec un coeur brisé et beaucoup de persuasion qu'il accepte d'être tansporté à dos d'homme. Alors il admet:''Je sais maintenant que ce travail est terminé pour moi et que je ne voyagerai plus jamais.'' ''Le roseau dans la tempête penche et frissonne, mais s'il se redresse trop vite il se casse.''

 

Il est transporté chez M. Dixon, où il est soigné avec beaucoup d'attention. A cause de la tempête et du mauvais état des routes il ne peut obtenir ni l'aide du médecin ni la présence du ministre. Après trente- six heures de souffrances, Donald remets son esprit entre les mains du Grand-Maître.

 

N.B. Le nouveau transporteur de courrier, Duncan McGregor fut engegé avec son frère Alexander. Malheureusement Alexander se noya sur le lac Matapédia après trois ans de services.

 

L'organisation régulière des postes canadiennes en mai 1851, fit du postillon un fonctionnaire payé par le gouvernement, mais ne diminua pas sa fatigue et les risques du métier. Il fallut attendre l'inauguration de l'Intercolonial en 1876, pour constater une amélioration.

 

 

Lire aussi l'article ''Les postes de gardiens''



16/01/2009
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